
L'islam Originel
le S IDEES d'UN MUSLIM LBRE PENSEUR
NOTRE APPROCHE CONFESSIONNELLE
NOTRE APPROCHE CONFESSIONNELLE
En guise d’introduction, je présente au lecteur, quelques éléments de ma méthode d’approche des textes scripturaires fondamentaux de l’islam. L’auteur de ces lignes n’est pas spécialiste en la matière et ne prétend pas à l’objectivité totale (qui n’est qu’un vœu pieux). En effet, tout être humain est façonné d’une manière plus ou moins consciente par son héritage culturel et son arrière fond idéologique, cette remarque s’applique aussi bien aux croyants qu’aux athées et agnostiques.
Sur le plan personnel, étant issu d’une tradition sunnite, je reste naturellement marqué par ses dogmes mais j’essaie de prendre la distance nécessaire par un travail de rétrospection autocritique sur ce qui m’a été inculqué durant mon enfance, par mon entourage. Ainsi , je m’emploie toujours d’explorer toutes les pistes dans le cadre de la religion islamique avec le maximum d’objectivité, j’ai étudié les trois grands courants de l’islam, que sont le Sunnisme, le Chiisme et l’ibadisme et je pars du principe qu’il y a du vrai et du faux dans chacune de ces trois branches.
Par conséquent, le meilleur moyen de s’approcher de la vérité (islamique), ce serait d’analyser les points de divergence et surtout les points qui font consensus. De la même manière, il me semble fondamental d’étudier le Judaïsme et le Christianisme partant du principe que l'islam, n’est autre que la continuité de ces deux dernières, bien qu’elle est considérée par les chrétiens à titre d'exemple, comme une simple hérésie parmi tant d’autres (secte judéo-nazaréenne, syncrétisme…etc). Mon objectif est de vérifier le bien-fondé de ces allégations et donner le point de vue islamique basée sur ce qui est explicite et suffisamment solide du point de vue des textes reçus.
Par ailleurs, les autres religions non monothéistes méritent aussi d’être étudiées mais cette entreprise dépasse le cadre d’un seul individu e à moins d’avoir plusieurs vies pour faire le tour de la question. Conséquemment, j’avoue qu’après un examen rapide de la conception du divin dans ces courants non monothéistes ̶tel que les philosophies orientales ̶ fait perdre toute motivation à vouloir suivre ces chemins sinueux d’une gnose multi-facette difficilement discernable, de ce fait, j’assume ce choix « dogmatique » de me limiter uniquement à l’étude des textes de l’islam en comparaison avec les autres courants du monothéisme.
I/ Principes de base d'approche du texte coranique
PREMIER PRINCIPE
L'axiome que le Coran est la parole de Dieu, c’est un acte de foi éclairé. Ce sera l’axiome à partir duquel tout commence pour le croyant, il s’impose au musulman et qui ne saurait être démontré—aux non arabophones—par quelconque argumentation rationnelle, sans qu'elle ne soit le sujet de controverses. Cet acte de foi est qualifié d’éclairé dans le sens qu’il reste inébranlable malgré toutes les études critiques sur le Coran et son origine dont l’hypercritique historique (cf. approche académique).
Les arguments de type "miracle mathématique du Coran" ne peuvent constituer en l’état une preuve solide et bien établie car les auteurs de cette démarche n'arrivent pas à faire un consensus. Si l’on doit souligner une approche plus solide que les autres, nous retenons deux approches en particulier:
1-Thèse de l'ingénieur Syrien Adnân al-Rifâ'î [cf.site internet].
2-Project 22 : l’énigme mathématique du Coran, présenté par un auteur non musulman, qui démontre que l'ordre des sourates, considéré par les islamologues comme simpliste suivant, grosso modo, l’ordre de longueur des sourates ; obéit au fait, à une règle mathématique d’une extrême précision. Elle définit une sorte de correspondance entre des chiffres (ceux de l'ordre des révélations avec ceux de la vulgate actuelle).
A contrario, les arguments type "miracles scientifiques du Coran" relèvent plutôt du concordisme et n'ont pas de valeur scientifique pour le non croyant, pour plus d'information visiter mon 2ème site internet en cliquant sur ce lien.
DEUXIÈME PRINCIPE
Le principe d’analogie, le coran s'auto-interprète par lui-même, par le receuil des tous les versets qui traitent un même sujet. En effet, le Coran 75: 16-18 précise :
« N'agite pas ta langue en lisant le Coran pour en hâter la récitation, c'est à Nous qu'il appartient de le rassembler et de le lire. Lorsque Nous le lisons, suis-en la lecture ; c'est à Nous qu'il appartient, ensuite, de l'expliciter ».
— L'interprétation traditionnelle est faite dans le sens que « C'est à Nous qu'il appartient, ensuite, de l'expliciter » revient à dire que c'est au prophète(s) que incombe l'explication du Coran par une autre révélation extra coranique qui doit être recherchée dans la tradition du prophète recueillie dans les Hadiths qui sont les propos, actions et consentement tacites attribués à Muhammad (paix sur lui).
— Mais en réalité les termes « C'est à Nous » revient à Dieu, donc c'est à Dieu que incombe d'expliciter son Coran; par conséquent le verset 18 peut être interprété et traduit de la façon suivante:
« Ne précipites pas ta langue à l'avènement de la révélation, nous t'assurons sa compilation, sa mémorisation, sa façon de récitation et son explication (par d'autres versets à venir) ».
— Ceci est corroboré par le verset 114 dans la sourate 20:
« N'aspire pas à hâter la descente du Coran tant qu'il n'est pas décrété qu'il te soit révélé, mais dis : " Mon Seigneur, augmente ma science ! »
Ce deuxième principe implique de facto de ne pas opérer une sélection par l'extraction des versets afin de valider (ou invalider) une opinion préconçue.
Etant donné que le Coran s'auto-interprète de part son unité textuelle et sa cohérence interne, qui ont été mis en évidence par des études impartiales réalisées par des chercheurs non musulmans.
Les différentes analyses qui convergent vers ce constat de cohérence interne si l’on se réfère vocabulaire propre du Coran par l’analyse et la comparaison des termes employés en fonction de leur contexte textuel. Parmi ces études nous citons :
— L’analyse de la structure rythmique des sourates de Pierre Crapon de Caprona.
Publication : Le Coran: aux sources des paroles oraculaires. Etude rythmique des sourates Mecquoises au Publications Orientalistes de France, 1981.
Dommage que cet auteur est décédé avant d’achever l’analyse des sourates Médinoises.
— L'analyse de la rhétorique sémitique faite par Michel Cuypers [lien] a permet de démontrer la cohérence interne du Coran en dépit de ses apparentes contradictions et ruptures thématiques; Michel Cuypers s'est basé sur les règles d'appréhension de la rhétorique sémitique, mises en évidences par Robert Lowth au 18è siècle et théorisées plus tard par Nils Wilhelm Lund sous forme de règles connues sous le nom " Lois de Lund".
— L’analyse de la méta-textualité, de la binarité et de l'auto-canonisation du Coran réalisée par Anne-sylvie Boiliveau: Le coran par lui-même Brill 2013.
Ce thème de l’auto-référentialité est également traité par Stefan Wild in Self-referentiality in the Qur'ān et par Daniel Madigan in "Quran self image". Ces dernières thèses mettent à mal les résultats de la méthode historico-critique en affirmant la cohérence interne du texte coranique et donc l’unicité de son auteur (origine divine ou non n’est la question).
TROISIÈME PRINCIPE
La non synonymie des termes coraniques, chaque mot possède sa propre signification. La « non synonymie » n’est pas à confondre avec « la polysémie » qui existe belle et bien dans le Coran, la présence de termes polysémiques rend les versets obligatoirement équivoques c'est-à-dire se prêtant à plusieurs interprétations possibles. Ce principe a été largement démontré dans les travaux de chercheurs contemporains dont le Muhammad Shahrour; le Dr Samer Islambouly, Adnan Rifa'y ...etc. Les conséquences sont d’une portée incommensurable, à commencer par son impact sur la fiabilité des traductions existantes du Coran, qui sont faite sans prendre en compte ce principe fondamental.
J’irais même jusqu’à dire que toutes les traductions existantes sont à prendre avec des pincettes.
II/ Caractéristiques du Coran d'après le Coran
— Le Coran est explicite
«Chercherai-je un autre juge que Dieu ? C'est Lui qui fait descendre sur vous le Livre pleinement explicite. Ceux auxquels nous avons donné le Livre savent qu'il a été révélé par ton Seigneur avec la Vérité. Ne soyez donc pas de ceux qui doutent !. » ( 6 : 114).
— Le Coran est un livre complet
«Il n'est pas de bêtes sur la terre, pas d'oiseaux volant de leurs deux ailes qui ne forment, comme vous, des communautés. Nous n'avons rien négligé dans le Livre. Ensuite, ils seront rassemblés vers leur Seigneur» Coran(6:38).
« La Parole de ton Seigneur s'est
accomplie en toute véracité et justice. Ses paroles ne sauraient
être modifiées. Il est Celui qui entend
tout, l'Omniscient» Coran (6:115).
— Le Coran est parfait
«L'imperfection ne peut l'atteindre ; c'est une Révélation d'un Seigneur sage et digne de louange » Coran(41:42).
— Le Coran renferme deux types de versets
«C'est Lui qui a fait descendre sur toi le Livre : il s'y trouve des versets sans équivoque, qui sont la base du Livre,et d'autres versets qui peuvent prêter à d'interprétations diverses. Les gens, donc, qui ont au cœur une inclinaison vers l'égarement, mettent l'accent sur les versets à équivoque, cherchant la dissension en essayant de leur trouver une interprétation, alors que nul n'en connaît l'interprétation, à part Dieu (et) Ceux qui sont bien enracinés dans la science disent Nous y croyons : tout est de la part de notre Seigneur ! » Mais, seuls les doués d'intelligence s'en rappellent.» Coran (3: 7).
— Versets univoques : qui n'ont qu’à une seule et unique interprétation, ils sont reconnus par l’absence de termes polysémiques.
— Versets équivoques : en raison de la présence de termes polysémiques, ils seront interprétés à la lumières des versets précédents.
L'auto interprétation du Coran impose d'étudier SYSTÉMATIQUEMENT les versets équivoques à la lumière des versets univoques, qui sont la base du livre. Par conséquent, la contextualisation des versets doit être LA RÈGLE fondamentale à appliquer à chaque fois qu'on questionne le Coran sur un sujet donné.
III-La Méthodologie traditionnelle appropriée
Après ce rappel rapide des éléments fondamentaux, on peut résumer les bases d'argumentation en sciences islamiques, selon le degré de certitude suivant cet ordre:
Premièrement, le Coran, en privilégiant
— En premier lieur les versets univoques: qui n'ont qu’à une seule et unique interprétation, ces versets sont reconnus par l’absence de termes polysémiques,
— En second lieu les versets équivoques: en raison de la présence de termes polysémiques, ses versets seront interprétés à la lumières des versets précédents qui ont force de certitude.
— En troisième lieu, écarter la synonymie intégrale: le Coran n’emploie pas de synonymes, chaque terme à un sens propre à interpréter selon le contexte textuel. Cette règle implique que les traductions en langues étrangères doivent être comparées afin de trouver le sens le plus proche.
— Enfin utiliser tout le corpus: en effet, il faudrait scruter systématiquement, l’intégralité du texte coranique pour extraire la signification voulue par le contexte textuel selon le principe d'analogie intra-coranique par une lecture holistique.
Deuxièmement, les hadiths attribués au prophète, remplissant les conditions suivantes
— Que le hadith soit conforme à la lettre et aux finalités du saint Coran: c’est une règle fondamentale souvent négligée par les Docteurs et experts en Hadith même s’ils emploient des moyens rhétoriques pour affirmer le contraire.
— Qu'il possède une chaîne de transmission continue du début [transmetteur] à la fin [le rapporteur du Prophète paix sur lui]
— Que ses rapporteurs soient pieux, droits et honnêtes ['Adâla]
— Que ses rapporteurs aient une excellente mémoire [ Dhabt]
— Qu'il ne contient pas de défaut caché dans son contenu [‘Illah] qui l’affaiblit
— Qu'il ne soit pas dévié (Shâdh): c-à-d. qu'il ne contredit pas un hadith plus authentique que lui et à plus forte raison qu'il ne contredit pas le Coran
— Qu’il ne contredit pas les principes fondamentaux de la raison et de la logique
— Qu’il ne contredit pas des évènements historiques avérés et attestés par voies multiples ou par l’archéologie.
IV-Quelques remarques d’une grande importance
— Les savants du Hadith ont établies des règles humaines pour valider l’authenticité des hadiths.
— Les conditions d'authenticité énumérées en haut n’ont même pas été respectées dans bien des cas par les traditionnistes.
— Par exemple : ils considèrent le hadith comme Shâdh, quand il contredit un hadith plus fort que lui, alors quand il contredit le Coran, ils ne le considèrent pas comme Shâdh !
— La droiture et l’excellence de la mémoire des rapporteurs est très difficile à apprécier à posteriori et peut-être sujet de divergence entre les spécialistes et c'est assez fréquents.
— La droiture n’est pas basée sur des témoins contemporains mais dans 9 fois sur 10 elle repose sur un sondage partiel (SEBR) des contenus des hadiths transmis par la personne faisant objet d’évaluation (voir notre article sur la vérité de l’isnâd).
— Il n’existe pas de critères précis et consensuels pour évaluer la fiabilité des hommes de Hadith.
— Que le prétendu consensus de la Oumma sur l’authenticité des recueils de Bukhari et Muslim est contredit par le fait que l’imam Muslim était le premier à contredire les conditions de son Maître Bukhari.
— Par ailleurs, contrairement aux savants classiques, on considère que le hadith a pour unique rôle: expliquer et de mettre en pratique les préceptes coraniques et ne peut en aucun cas instaurer des règles légales indépendantes, en abroger d'autres ou limiter leurs portée car cela revient de droit exclusivement à Dieu seul.
V-Les erreurs d’argumentation à éviter
— La sélection/extraction d’un verset coranique hors contexte textuel (ou historique qui est plus difficile à établir)
— L'omission d’autres versets qui vont à l’encontre de la thèse
— La confusion entre différents termes coraniques polysémiques
— L’usage d’un argument de certitude non avérée pour contredire un argument de certitude avérée
— L’usage abusif du principe de l’abrogation à chaque fois que se présente une contradiction apparente des textes, sans apporter bien entendu, la preuve chronologique de la postériorité de l’abrogeant par rapport à ce qui est censé être abrogé.
VI-Conseils pour une meilleure approche traditionnelle
— Réactiver la méthodologie adoptée par les compagnons qui ont suivi l’exemple du prophète paix sur lui (حديث ذي اليدين) à savoir exiger au moins un deuxième témoin, et ce dans chaque couche de transmission, pour valider authentifier toute parole attribué au prophète paix et bénédiction sur lui.
— Chercher le contexte exact du hadith : lieu géographique, moment précis dans la chronologie des évènements de la prédication ((الدعوة, a qui s’adressait la parole, les gens présents…etc.
— Confronter le « matn » du hadith au verdict des versets explicites du Coran (محكم التنزيل)
— Confronter le « matn » du hadith à la Sunna pratique, puis les hadiths notoires
— Utiliser les règles de l’école Hanafite qui ont été délaissées, pourtant plus logiques, comme la règle qui stipule qu’un fait connus par tous les compagnons ne peut se retrouvé transmis par un ou deux suiveurs (عموم البلوى)
— Vérifier si le hadith a été bien appliqué par les compagnons, par exemple, l’interdiction de porter l’Or par les hommes, rapporté par al-Barâ’ ibn ‘Azeb (البراء إبن عازب) qui lui-même le portait ainsi que beaucoup de compagnons. Alors que les recueils tardifs font état de hadiths interdisant aux hommes de porter l’or…etc.
L’idéal serait de faire une confrontation du contenu du hadith:
— Avec les données archéologiques, épigraphiques, numismatiques et papyrologiques.
— Avec les sources externes à la tradition islamique.
VII-Choix de la traduction du Coran
La traduction du Coran que j'utilise est celle de M. Hamidullah remaniée par le comité du Roi Fahd, le mieux est se référer à l’originale ou consulter celle Régis Blachère proposée en parallèle sur le site https://coran12-21.org/
Pour les non arabophones, l’idéal serait de faire l’effort de comparer —au moins pour les versets sujets à controverses— entre plusieurs traductions afin de se faire une idée plus objective.
— J’utiliserais pour mes citations, le Coran selon l’ordre de la vulgate dite de ‘Uthmân , le premier chiffre correspond à la Sourate et les autres aux versets, exemple (2 : 3-5) correspond aux versets de 3 à 5 de la deuxième sourate (la vache).
— Par ailleurs les versets dont l’interprétation pose problème je les citerai en arabe et en Français.
— Enfin il faut savoir que le seul ductus consonantique (rasm) authentique est celui de la Vulgate Orientale de Médine selon la lecture de Hafs qu'on peut trouver sur ce site: http://tanzil.net
Sujets en rapport
Sujets en rapport (1)
Sujets en rapport (2)
Livre et articles du Dr Al Ajamî [ site web : alajmi.fr ]
Nous conseillons la lecture des articles d'Al-'Ajamî dont je partage en grande partie la démarche, c'est pour cette raison que j'ai fait l'effort de sélectionner les articles les plus pertinents que j'ai trouvé noyés parmi tant d'autres sur Oumma.com. Nous précisons au passage que nous retransmettons intégralement les textes tels quels ont été publiés sur le site Oumma.com ce dernier permet en outre de lire les commentaires des internautes, l'idée de les re-publier ici, est uniquement dans un souci de partage et pour une lecture plus aisée.
- Comprendre le Coran
: Historicité, littéralisme et littéralité
- Que dit vraiment le
Coran ?: « Point de contrainte en religion » (abrogationnisme)
- Que dit vraiment le
Coran : Guerre et paix, violence, terrorisme
- Que dit vraiment le Coran : Dieu défend les croyants
- Que dit vraiment le
Coran : Égalité des hommes & des femmes
- Que dit vraiment le Coran du Mariage mixte
- Mollahs de la
consommation
- Mosquée dans la
Cité : réalités et espoirs !
- Il était une fois …
un inféodé sur le chemin de Damas !
- Le juste “prix” de la “terre promise : Réflexion autour de la circoncision